Samedi 2 et dimanche 3 décembre

Avant de quitter Swellendam nous nous attardons devant un arbre magnifique, originaire d’Australie, Brachychiton aceracifolius. En pleine floraison, ses tiges entremêlées portent une multitude de clochettes vermillon. Puis c’est le départ en direction de Montagu. Nous roulons, roulons… tout en admirant les paysages toujours beaux en cette province du Cap. Voici encore, comme hier d’ailleurs, des grues bleues (blue grey), dont le nom latin est Anthropoides paradisea. Quant au surnom de grues amoureuses il fait allusion au fait que la femelle ne survit pas à la mort de son compagnon. Nous traversons maintenant le village d’Heidelberg ainsi nommé parce que les premiers fermiers d’ici étaient Allemands. Plus loin, dans la campagne verdoyante, des sortes d’iris jaunes à grandes feuilles ovales puis un très grand nombre de termitières qui furent utilisées paraît-il, soit comme fours à pain, soit comme caches d’armes ! Et nous voici actuellement devant la fabrique de produits tirés ici d’un Aloès, l’Aloe vera var. ferox. Absolument tout dans la plante est utilisé. Naturellement, arrêt, visite et achats bien entendu. Aux alentours de la fabrique, rien d’intéressant : uniquement quelques Aloe ferox variété d’Aloe vera, remplaçant ce dernier en Afrique du Sud et deux ou trois pieds de Senecio inaequidens. Nous notons aussi une graminée et quelques restionacées que nous ne chercherons pas à déterminer.

Brachychiton aceracifolius

Les grues

Karoo : Aloe vera variété ferox

Senecio inaequidens

Alors bien vite, remontée en voiture, traversée d’un pont surmontant 300 mètres de vide et d’où s’effectue, dit-on, le saut à l’élastique le plus haut du monde. Plus loin des puits de pétrole forés afin de puiser l’hydrocarbure provenant d’une nappe maritime et fournissant 1% du carburant d’Afrique du Sud. Tout autour, des terres envahies d’Acacia cyclops et de bidonvilles. A 14 h 30 nous terminons notre repas pris dans une sorte de bazar à Mossel Bay : pas banal ! Puis nous allons voir le « milkwood » arbre postal où était suspendue à l’une de ses branches une bottine dans laquelle les marins du 16e siècle, en partance pour l’Orient, déposaient lettres et messages que récupéraient ceux qui s’en retournaient chez eux en Occident. Puis c’est la visite du musée Bartholomeu Dias : B. Dias était un commandant portugais d’une petite flotte qui en 1488 jeta l’ancre à Mossel Bay. En souvenir de cet événement, une caravelle grandeur nature et parfaite copie de la sienne, fut commandée au Portugal un demi-millénaire plus tard et livrée le 03/02/1988, 500 ans jour pour jour après son mouillage. Quittant Mossel Bay assez tard, nous prenons la direction de Robinson Pass où abonde l’Acacia karoo bien en fleurs. Plus loin flambe le fynbos. Nous nous rapprochons du col. Là de nombreux Acacia mearnsii, autrefois plantés pour leur tanin, envahissent le paysage. Plus loin tout change : prairies vallonnées bien vertes, arbres, montagnes proches. Nous entamons alors la montée vers le col et enfin pour la première fois de la journée, nous nous arrêtons pour herboriser. Et voici une plante déjà vue en Corse puis aux Canaries, Gomphocarpus fruticosus, commune dans toute l’Afrique du Sud et naturalisée chez nous dans le Midi et en Corse. Puis nous admirons une belle fabacée à fleurs roses, Podalyria buxifolia et deux plantes indéterminées un peu plus loin. Deux à trois kilomètres au-delà, un second arrêt nous permet de photographier Pelargonium setulosum mais aussi Berzelia lanuginosa. Des Mimetes seraient cette fois, Mimetes hirtus. Une bruyère rose reçoit, elle, le nom d’Erica nudiflora. 

De Mossel Bay à Robinson Pass : Incendie du fynbos

Gomphocarpus fruticosus

Podalyria buxifolia

Berzelia lanuginosa

Mimetes hirtus

Erica nudiflora

Quant au talus de la route il est entièrement tapissé d’une petite fougère nommée Gleichenia polypodioides. Remontés en voiture nous parvenons à Robinson Pass où nous ne nous arrêtons pas, à 860 m d’altitude. Et c’est la descente ; à 30 km d’Oudthoorn, nous traversons une sorte de bush où croissent de très hauts cotylédons et où pâturent de nombreuses autruches. Puis nous traversons l’Olifant’River. Ensuite nous changeons de direction dans le but d’aller faire un tour dans le Petit Karoo. Un arrêt, certes bienvenu y est prévu. Sitôt descendue de voiture je m’empresse de photographier des branches mortes, férocement épineuses d’Acacia karoo. Je revois tout près, Lessertia frutescens, la fabacée aux fruits renflés. Quant à Françoise et Gérard, ils sont particulièrement intéressés par un petit arbre en fleurs, Nymania capensis. Moi je suis satisfaite d’apercevoir l’Indigofera filifolia, au port différent de celui de l’Indigofera brachystachia. Plus loin un beau polygala restera malheureusement sans nom d’espèce. Puis nous jetons un dernier coup d’œil aux vastes étendues d’aloès et aux magnifiques cotylédons, car le départ du Petit Karoo est annoncé.

Gleichenia polypodioides

Branches mortes d’Acacia karoo

Nymania capensis

Indigofera filifolia

Polygala sp

Little Karoo avec Aloe ferox

Après avoir traversé une région plus ou moins cultivée, nous grimpons à l’Outeniqua Pass à 800 mètres d’altitude, où de nouveau la nature reprend ses droits. Le paysage est magnifique, la flore sublime. La montagne de toutes parts nous entoure. Se détachant sur elle, de nouvelles watsonias bordent la route. Ailleurs des Calodendron capense s’assemblent en massifs de toute beauté. Nous notons encore Harveya capensis déjà vue à De Hoop Reserve et une curieuse bruyère, Erica hebecalyx. Mais vite en route pour gagner notre hôtel, le King George Protea, situé en pleine nature. Il fait nuit lorsque nous quittons notre chambre et traversons le jardin pour rejoindre le restaurant… et nous apercevons la lune ronde et pleine, alors que je l’avais vue à Hermanus à ce que je croyais être son dernier quartier. Je comprends donc que dans l’hémisphère austral « l’ image » du dernier quartier correspond au premier. Au restaurant où a lieu une réception, nous avons également accès au buffet, garni de mets plus savoureux les uns que les autres.

Au col de l’Outeniqua

Calodendron capense à Outeniqua Pass

Erica hebecalyx à Outeniqua Pass

En ce dimanche matin, pour rejoindre Knysna, nous roulons parmi des forêts de pins et de Port-Jackson, essences comme on le sait, indésirables en ce pays. Arrivés à la Pointe du Dauphin, notre chauffeur s’arrête et nous accorde une petite heure. Mais pourquoi donc ? Pour nous conseiller vivement, je ne sais plus pour quelle raison, d’emprunter un certain passage souterrain… qui ne mène à rien qui puisse nous intéresser. Voilà donc une heure de perdue ! Et nous voici sur la Garden Route tant vantée sur la plupart des guides touristiques ! Pour nous il convient de la quitter pour des sites tels que la forêt de Tsitsikamma ou l’Addo Elephant National Park par exemple. Actuellement sur la rive éloignée de nous, perdure la forêt. Puis voici des lacs auxquels en partie, le site doit sa célébrité. Non loin du Swartvlei, de belles fleurs jaunes à tache noire, de même que des sesbanias d’un bel orangé, mériteraient une photographie. Mais voici que nous pénétrons dans Knysna au bord du lac éponyme. De là, toujours en voiture, nous accédons à un point de vue à partir duquel nous dominons l’agglomération et son lac. Et là où nous nous sommes garés, fleurissent de belles fleurs blanches, Gaura lindheiri, espèce devenant à la mode chez nous. Avant de prendre le bateau pour un tour sur le lac, il nous reste du temps. Nous en profitons pour nous rendre à un autre belvédère dominant Plettenberg Bay duquel nous jouissons d’une vue magnifique sur un jardin donnant sur l’océan d’un bleu d’azur. Mais il nous faut nous en retourner puis nous arrêter devant de beaux Tecoma capensis ainsi que près d’un Daïs cotinifolia tout couvert de gros et magnifiques pompons roses.

Knisna et le lac

Gaura lindheimeri à Knysna

Plettensbergbay vu du dessus de Knysna

Tecoma capensis

Daïs cotinifolia

Onze heures ! Nous sommes à l’embarcadère et grimpons dans un petit bateau afin de faire un tour sur le lac et où certains dégusteront huîtres et vin blanc. Il ne fait pas chaud, mais presque arrivés à la passe faisant communiquer la lagune avec l’Océan Indien, heureusement demi-tour. Ensuite dans une sorte de mini-restaurant d’un complexe commercial, nous savourons une poêlée individuelle de frites et crevettes grillées. Un peu plus tard nous sommes à l’orée de la forêt originelle de Tsitsikamma. Il commence à pluvioter, alors, bien des plantes intéressantes, inféodées à un biotope qui nous est inconnu, ne pourront être photographiées. Évoquons cependant quelques-unes de ces fleurs : un iris d’un blanc de neige, une liliacée à corolle violacée, une nouvelle lobélie, une renoncule à courte tige. Une accalmie nous permet toutefois de prendre en photo Burchellia bubalina. A la lisière de la forêt, des champignons orangés sont sans aucun doute Pycnoporus sanguineus. Nous pénétrons maintenant dans la forêt pour admirer le « big tree de Tsitsikamma » dont voici les caractéristiques : 650 ans, 39 m de haut, couronne s’étalant sur 31,50 m, circonférence 7 m, volume de 61,1 m3. En revenant sur nos pas nous notons deux fougères : Blechnum attenuatum déjà vue et une autre à grandes frondes vert foncé et lisses, non déterminée. Au sortir de la forêt en bordure de route, ce sont cette fois des fougères arborescentes Cyathea arborescens, que nous ne reverrons plus à l’état sauvage, dommage ! Une sorte de bush succède maintenant à la sylve. On y trouve par exemple de belles bruyères d’au moins 1,50 m de haut, qui sont des Erica densifolia, lesquelles voisinent avec des Erica discolor, un peu moins hautes mais plus fournies, aux fleurs presque identiques, toutes deux déjà notées ailleurs dans le fynbos. De beaux leucadendrons femelles à bractées et fleurs d’un lumineux jaune citron les accompagnent : il s’agit de Leucadendron uliginosum. Un autre arbuste Osteospermum (ex Chrysanthemoides) moniliferum porte de légers bouquets de petites marguerites dorées. Plus loin est un Polygala arbustif de toute beauté, Polygala virgata. Il se détache agréablement sur les troncs d’aloès recouverts de feuilles desséchées. Encore un arbuste qui nous est inconnu, Vepris lanceolata. Enfin pour en terminer avec la strate arbustive, voici en fruits cette fois, Diospyros dichrophylla. Tout près, la présence d’un trèfle, Trifolium burchellianum, nous surprend. Comme un peu partout, nombreux sont les Cotyledon orbiculata. Deux watsonias différentes croissent presque côte à côte. L’une d’elles est Watsonia wilmaniae, l’autre est indéterminée. Nous nommons encore Aristea woodii ainsi qu’une curieuse orchidacée, Satyrium bicorne. Remontés en voiture, nous nous arrêtons peu après, afin d’admirer une petite cascade se déversant dans un bassin naturel creusé dans la roche. Près d’elle, une plante intéressante, Bobartia aphylla à la fleur jaune perchée sur une tige jonciforme. Après avoir fait un détour par Uniondale à la sortie de laquelle se trouve un township amélioré, nous regagnons George. Dans la nuit scintillent des « arbres » de Noël tout en carton ou plastique, mais fort bien illuminés. Au restaurant aujourd’hui, bien que ce soit dimanche, un repas des plus ordinaires nous est servi. A 10 h 30, lorsque nous rejoignons nos chambres, il me semble voir la Croix du Sud dans le ciel austral étoilé.

La passe de Knysna

Parc national de Tsitsikamma : Burchellia bubalina

Cyathea capensis

Erica densifolia

Leucadendron uliginosum au sortir de la forêt de Tsitsikamma

Osteospermum moniliferum

Polygala virgata

Vespris lanceolata

Diospyros dicrophylla

Cotyledon orbiculata

Wattsonia wilmaniae

Satyrium bicorne

Cascade près de Tsitsikamma

Bobartia aphylla

(suite)

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